PARIS – Alors que d’invasion turque au Kurdistan du Sud menace l’existence du peuple kurde, le Conseil Démocratique Kurde en France organise le dimanche 4 juillet une manifestation suivie d’un meeting et d’un concert en présence du chanteur légendaire Şivan Perwer et du Trio Gayaneh composé de Richard, Marie-Jeanne et Amandine Khayadjanian qui puisent leur musique dans leurs origines arméniennes, Vicken Tarpinian et Fatoum pour la musique berbère. Toutes les personnes soutenant la lutte de survie du peuple kurde sont conviées à cet événement.
RDV à 14 heures, à la Gare du Nord pour participer à la marche qui partira en direction de la place de la République où le meeting et le concert auront lieu.
Voici le communiqué annonçant l’événement du 4 juillet:
DÉFENDRE LE KURDISTAN CONTRE L’INVASION TURQUE
Grande marche à Paris, le 4 juillet, 14h
Gare du Nord – République
Suivie d’un meeting et d’un concert
En avril, la Turquie a lancé une nouvelle campagne militaire de grande envergure au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). De lourdes batailles se poursuivent dans la région, les forces de la guérilla kurde résistant farouchement à cette invasion illégale. Ces attaques à grande échelle ne visent pas seulement la guérilla du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), elles tendent aussi à occuper le Kurdistan du sud.
Profitant de l’absence de réaction, tant au niveau régional qu’international, le régime turc a mis en place un plan d’occupation de l’ensemble du Rojava (région du nord et de l’est de la Syrie) et du Sud-Kurdistan, déterminé à procéder à un nettoyage ethnique de cette vaste zone kurde – longue de 1400 km – allant du nord-ouest de la Syrie à la frontière irako-iranienne. Dans le même temps, la Turquie mène une guerre de drones contre le camp de réfugiés de Makhmour, au mépris profond du droit international, et tente de dépeupler la région de Shengal (Sinjar), où vivent les Yézidis, cherchant à réaliser ainsi ce que Daech n’a pu faire.
Ces crimes s’inscrivent dans la logique impérialiste qui s’est également traduite par l’offensive lancée par la coalition turco-azerbaïdjanaise contre la République du Haut-Karabakh le 27 septembre dernier. Une guerre qui a fait au moins 4000 victimes arméniennes et qui a débouché sur l’occupation d’un quart de l’oblast du Haut-Karabakh, dans la perspective néo-ottomane d’établir une continuité terrestre panturque depuis la Méditarannée jusqu’à la Caspienne. D’où les menaces actuelles sur l’intégrité territoriale de l’Arménie, 100 ans après le génocide de 1915, tandis que l’armée d’Erdogan multiplie les provocations militaires contre la Grèce et Chypre en méditerranée, les interventions en Syrie, en Irak, en Libye, en Afrique, tout en proférant des menaces à peine voilées sur l’Europe, tenue en respect par toutes sortes de chantages.
Face à l’invasion de leurs terres par la Turquie, le gouvernement régional du Kurdistan (KRG) et le gouvernement irakien gardent un silence consternant. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), au pouvoir dans la région, va même jusqu’à collaborer avec le régime expansionniste turc, tentant de légitimer son occupation. Quelle que soit la pression économique d’Ankara, le PDK ne doit pas se laisser transformer en mandataire de la Turquie, car les conséquences de cette guerre peuvent être graves pour l’ensemble du Kurdistan et de la région.
Depuis l’été 2012, les Kurdes du Rojava et du nord-est de la Syrie travaillent main dans la main avec les communautés locales arabe, assyrienne, turkmène et arménienne. Ils ont mené ensemble une révolution qui a abouti à la création d’une administration autonome, démocratique et basée sur l’égalité de genre. Afin de détruire tous les acquis de cette administration, la Turquie a utilisé des mercenaires djihadistes pour attaquer et occuper ces régions du Rojava, notamment Afrin, Serêkaniyê (Ras al-Aïn) et Girê Spî (Tall Abyad). Ses forces d’occupation s’y livrent à des crimes de guerre systématiques (enlèvements, viols, meurtres, pillages), provoquant des déplacements massifs de population, ceci dans le cadre d’une stratégie turque de nettoyage ethnique et d’annexion de ces terres.
La guerre antikurde sévit également à l’intérieur des frontières de la Turquie. Le dernier exemple de l’hostilité implacable d’Erdoğan à l’égard des acquis politiques et sociaux kurdes réside dans sa tentative de dissoudre le Parti démocratique des Peuples (HDP). Il s’agit de la dernière étape d’une campagne menée depuis des années contre le HDP qui a conduit à l’emprisonnement de milliers de membres de ce parti.
Le monde doit reconnaître que la Turquie tente de perpétrer un génocide contre le peuple kurde. Le PKK représente le seul rempart contre cette campagne génocidaire et contre l’expansionnisme du régime d’Erdogan qui n’a jamais caché son ambition de restaurer la gloire perdue de l’Empire ottoman.
Alors que la Turquie ne cesse de fouler aux pieds les normes les plus fondamentales du droit international, l’OTAN, les Nations unies, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe gardent un silence assourdissant qui encourage Erdoğan dans la poursuite de son autoritarisme et de ses crimes de guerre.
Nous appelons toutes les personnes, partis et institutions attachés aux valeurs démocratiques, à la paix, la liberté, à briser le silence, à joindre leurs voix pour exiger l’arrêt immédiat de l’invasion turque au Kurdistan et le retrait de la Turquie de toutes les zones occupées.
Premiers signataires :
Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F)
Conseil de coordination des Organisations Arméniennes de France (CCAF)
Parti Communiste Français (PCF),