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TURQUIE. En fermant le HDP, l’État turc interdit l’arène politique aux Kurdes

TURQUIE / BAKUR – Avec l’interdiction prochaine du parti HDP « pro-kurde », l’État turc s’apprête à officialiser la fin du pluralisme politique en Turquie et on pourrait dire que c’est « mieux » ainsi. En effet, depuis sa création, le Parti Démocratique des Peuples (HDP) a subi toute sorte d’attaques: des bureaux du parti saccagés, ses rassemblements attaqués, des militants et députés du parti agressés, des milliers d’entre eux emprisonnés, des campagnes électorales d’HDP bloqués, des maires HDP destitués et emprisonnés par dizaines, plus de dix députés HDP déchus de leur mandat d’élu … Alors, comment parler de démocratie et de pluralisme dans ces conditions là?
 
L’attaque et l’interdiction des partis politiques kurdes sont une vieille tradition bien turque sur laquelle les islamistes et l’extrême-droite sont d’accord à 100% dans un pays fondé sur le fascisme kémaliste presque centenaire. Alors, la demande officielle de la fermeture du parti HDP, porté par les Kurdes de Turquie, ne surprend plus personne étant donné que de nombreux partis kurdes ayant précédé le HDP ont tous été interdits par les régimes successifs pour lesquels la démocratie ne peut s’appliquer aux Kurdes.
 
Le 17 mars, un procureur a envoyé, un acte d’accusation à la Cour constitutionnelle turque demandant l’ouverture d’un procès pour interdire le Parti démocratique des peuples (HDP), parti de gauche qui est la troisième force politique du pays et la seule à prôner une solution pacifique à la question kurde en Turquie. Cette demande d’interdiction du HDP n’est que l’acte final d’une guerre ouverte qui a vu l’arrestation milliers de militants du parti ainsi que celle des la majorité de ses maires et 13 de ses députés.
 
Jusqu’à présent, tous les partis pro-kurdes ont été interdits
 
La fermeture de partis politiques, en particulier de partis kurdes, est une vieille tradition dans l’histoire de la Turquie. Jusqu’à présent, la Cour constitutionnelle turque a interdit six partis politiques kurdes. Le premier fut le Parti du travail du peuple (HEP) créé le 7 juin 1990. Le HEP a rejoint le Parti social-démocrate (SHP) pour les élections générales de 1991 et obtenu 22 sièges à l’assemblée nationale turque. En juillet 1993, le HEP fut interdit. Ensuite, ce fut le tour du Parti de la Liberté et de la Démocratie (OZDEP) : fondé en mai 1993, il a été interdit le 23 novembre 1993. Le Parti de la démocratie (DEP) lui a succédé. En mars 1994, le Parlement turc a levé l’immunité de six députés du DEP, qui ont ensuite été condamnés à 15 ans de prison pour « terrorisme ». Le 16 juin 1994, la Cour constitutionnelle a interdit le DEP qui fut remplacé par le Parti de la Démocratie du Peuple (HADEP), le 11 mai 1994. Lors des élections locales de 1999, le HADEP a remporté 37 municipalités dans la région kurde, dont sept grandes villes. Pourtant, en mars 2003, la Cour constitutionnelle turque a également interdit le HADEP. Le 9 novembre 2005, a été fondé le Parti pour une Société démocratique (DTP). Ses candidats se sont présentés de manière indépendante aux élections générales de 2007, obtenant 22 sièges au parlement turc. Lors des élections locales de 2009, le DTP a remporté des mairies dans plus de 100 villes et villages de la région kurde. Il fut interdit le 11 décembre 2009.
 
La fermeture prochaine du HDP sera la suite logique des choses et l’État turc dit ouvertement aux Kurdes qu’ils n’ont pas le droit de faire de la politique, comme ils n’ont pas le droit de parler leur langue, vivre leur culture, s’auto-gouverner. En un mot, ils doivent garder leur statut de colonisés sur leurs propres terres et tant que le Kurdistan sera occupé par la Turquie, la démocratie sera un vain mot pour les Kurdes.
 
Les autres partis turcs, qui sont tous anti-kurde, ne sont pas à l’abri d’une interdiction non plus. Qu’il s’agisse du CHP kémaliste et même ceux de l’extrême-droite MHP ou IYI, s’ils gênent le parti AKP du Président Erdogan, ils feront face à des demandes d’interdiction et il n’est pas sûr qu’ils aient plus de chance que le HDP.

1 COMMENTAIRE

  1. Les dictateurs se réjouissent et le totalitarisme s’apprêter à en faire son lit. À défaut d’avoir inventer l’eau chaude ou tiède, n’est-ce pas là, la preuve que les ruptures du dialogue conduisent aux religions les plus viles ?
    Torture, assassinat, peine de mort au programme…

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