La Turquie pratique un nettoyage ethnique systématique dans le canton kurde syrien qu’elle occupe illégalement depuis trois ans. Les Kurdes qui constituaient plus de 95% de sa population ne sont plus que moins de 25%. Plus de 250 000 d’entre eux ont été expulsés par les forces d’occupation turques et leurs supplétifs islamistes syriens qui font régner la terreur. Plus de 400 000 Arabes, pour la plupart des familles et des proches des milices syriennes à la solde de l’armée turque, ont été installés dans ce canton.
Les terres, les riches oliveraies, les maisons, les commerces kurdes ont été pillés, confisqués par les supplétifs syriens qui kidnappent, rançonnent, assassinent les paysans kurdes refusant de partir. Les cimetières et les lieux de culte yézidis sont profanés, les sites historiques et culturels kurdes sont détruits pour éradiquer l’identité kurde de ce territoire.
Ces crimes de guerre sont connus, largement documentés et dénoncés par des ONGs kurdes et internationales mais ils restent impunis car la Turquie est un allié de l’OTAN. Le Parlement européen a adopté le 11 mars 2021 une résolution demandant « le retrait des troupes turques des territoires kurdes syriens qu’elles occupent en violation du Droit international ». En réponse Ankara reconnaît « le transfert de plus de 400 000 réfugiés syriens » et appellent ses alliés à se montrer « compréhensifs à l’égard de ses préoccupations sécuritaires ».
Monsieur le Président,
Nous, Français originaires d’Afrin, regroupés dans un Collectif Afrin pour témoigner et défendre nos compatriotes victimes de l’occupation turque, en appelons à vous. Les Kurdes n’ont pas d’État donc pas de voix à l’ONU. Ils sont nos alliés dans la guerre contre Daech et plus de 11 000 d’entre eux sont morts pour notre sécurité et notre liberté. Nous avons envers eux un devoir de solidarité.
La France, patrie des droits de l’Homme, doit agir pour porter devant les instances de l’Union européenne, de l’OTAN et du Conseil de sécurité de l’ONU la question du nettoyage ethnique en cours à Afrin, qui constitue un crime contre l’humanité, pour exiger l’envoi sur place d’une commission d’enquête internationale et le retrait des troupes turques d’occupation et des milices syriennes à leur solde.
Nos démocraties sont restées silencieuses lorsque Saddam Hussein gazait et massacrait les populations civiles kurdes parce qu’il était « notre allié » contre l’Iran. Vont-elles rester sans agir contre le crime contre l’humanité du nettoyage ethnique à Afrin parce que la Turquie est un allié de l’OTAN ?