KURDISTAN – Le fait d’être opprimés depuis des siècles pourrait expliquer en partie seulement la division inter-kurde que les non Kurdes ont dû mal à comprendre. Ceux qui s’attardent seulement sur les divisions entre des partis politiques ou armés le mettent sur le dos des rivalités idéologiques ou claniques. Mais le problème est plus profond que cela.
Au Kurdistan, le berceau de notre civilisation née de la découverte de l’agriculture et de la domestication des animaux sauvages tels que les moutons, les querelles autour d’un lopin de terre sont très fréquentes, y compris au sein d’une même famille. On a des exemples de frères qui se sont entre-tués car ils n’arrivaient pas à se départager les terres familiales. On parle alors de « crimes de sang ». D’autres deviennent ennemis sur des générations, sans forcement s’entre-tuer.
Un autre sujet de querelles entre Kurdes est lié aux mariages. En effet, pour garder les terres au sein de la même famille/clan, jusqu’à peu, les Kurdes se mariaient quasi systématiquement entre cousins selon des mariages arrangés par les parents ou les grands-parents.
S’il arrivait parfois que les jeunes hommes à marier expriment leurs désirs concernant une jeune fille, cousine ou pas, en vue d’un mariage, il était formellement interdit aux filles d’exprimer, d’avoir de tels désirs dans une société féodale et patriarcale. Celles qui transgressaient ses interdits pouvaient le payer de leur sang versé par leurs propres familles dans des crimes dits d’ « honneur ». En effet, chez les Kurdes, comme tous les peuples du Moyen-Orient, on a transformé les femmes et les filles en gardien de l’honneur de la famille qui est la chasteté absolue. Une fille devait/doit rester vierge jusqu’au mariage. Une fois mariée, elle se doit d’être fidèle et obéissante au mari, même si ce dernier peut se permettre tous les écarts en allant voir d’autres femmes, prendre une deuxième épouse, être violent envers sa femme…
Pour revenir aux rivalités entre les clans kurdes, on pourrait dire qu’elles sont nées de la dépendance à la terre qui les nourrit et des femmes qui doivent leur assurer la paternité de leur descendance.
Rivalités et divisions chez les Kurdes sont des coutumes nées il y a environs cinq mille ans. Bien qu’elles perdent de leur influence sur les jeunes générations, aujourd’hui, elles sont surtout présentes en politique et ceci leur porte un énorme préjudice, faisant l’affaire de leurs bourreaux de colonisateurs (Turquie, Iran, Irak, Syrie) qui les exterminent depuis des siècles.