AccueilKurdistanBashur2021, l'année de tous les dangers pour le Kurdistan du Sud

2021, l’année de tous les dangers pour le Kurdistan du Sud

IRAK / KURDISTAN DU SUD – Décidemment, pour les Kurdes, chaque nouvelle année qui arrive est synonyme de nouveaux massacres, d’invasions, de misères… En effet, depuis les massacres des civils dans les régions kurdes de Turquie pendant l’hiver 2015/2016, pas une année ne s’achève sans que la Turquie attaque les Kurdes, surtout dans les pays voisins qui sont la Syrie et l’Irak. Ainsi, on a vu la Turquie envahir la région d’Afrin en 2018 et Serê Kanîyê en 2019 d’où elle a chassé les Kurdes qu’elle a remplacés par des colons arabes transférés d’autres régions syriennes. Aujourd’hui, alors qu’elle a intensifié les attaques contre la région d’Ain Issa, au Rojava, la Turquie renforce sa présence militaire dans la région autonome kurde d’Irak (Bashur ou Kurdistan du Sud). Une région en proie à la gronde populaire à cause de la pauvreté et la corruption de la classe politique dirigeante.

 

La présence du PKK comme prétexte pour ressusciter l’empire ottoman  

Dans son invasion du Bashur, la Turquie ne rencontre aucune opposition, car, elle prétend qu’elle occupe la région pour déloger le PKK et que ce dernier et le PDK, le parti au pouvoir au Bashur, sont des frères ennemis opposés idéologiquement. (Pour info, ces 20 dernières années, elle a dépeuplé 361 villages de la province de Duhok.) De plus, la région autonome kurde est très dépendante de la Turquie économiquement et l’occupation sanglante de la province de Kirkuk, riche en pétrole, par les milices chiites pro-Iran après le référendum d’indépendance de 2017 ont isolé d’avantage l’enclave kurde. A cela s’ajoute la gronde populaire qui veut en découdre avec ses dirigeants politiques, que ce soit ceux du clan Barzanî (PDK) ou ceux du clan Talabanî (UPK). En effet, la pauvreté galopante et le népotisme politique ont eu raison de la patience du peuple qui n’hésite plus à descendre dans la rue, comme en l’a vu début décembre, et s’en prendre au pouvoir. Même si les récentes manifestations anti-gouvernementales ont été écrasées dans le sang, tout porte à croire que la jeunesse désargentée du Bashur reprendra la rue dans un futur proche. Alors, les dirigeants du Bashur voient en la Turquie une « bouclier » contre leurs propres citoyens et contre le régime iranien qui aimerait voir la région revenir sous le contrôle du régime central irakien…

Et les États unis dans tout ça ?

A mesure que les mollahs iraniens ont consolidé leur influence en Irak à majorité chiite, les hostilités anti-américaines ont refait surface en Irak où l’ambassade irakienne des États unis a été attaquée au cours de l’année 2020, en plus des attaques à la roquette qui ont visé des soldats américains et anglais en mars dernier. Les Américains voient leur présence non désirée en Irak, alors, ils prévoient de se replier dans la région kurde d’Irak et pour cela, ils font appel à leur allié turc… Les déclarations des responsables américains condamnant le PKK après la mort d’un peshmerga du KDP fut tué lors d’un accrochage entre le KDP et le PKK dans la province de Dohouk devraient être interprétées sous cet angle. Les États unis et son la Turquie ainsi que l’Iran se livre une guerre indirecte sur le dos des Kurdes d’Irak, avec la complicité de certains dirigeants kurdes. C’est pourquoi, on risque d’assister à des événements majeurs menaçant la région autonome kurde d’Irak au cours de l’année 2021.