TURQUIE – La coprésidente de l’Association des droits de l’homme (İHD), Eren Keskin, poursuivie pour ses tweets d’il y a 5 ans, a déclaré : « Il est tout à fait ridicule qu’une enquête ait été ouverte sur mes postes d’il y a 5 ans. La CEDH stipule qu’il faut « un danger clair et imminent ». Il n’y a pas un tel danger, ils ont attendu jusqu’à ce jour. La question kurde ne peut être résolue sans «parler». Comme ils ne veulent pas la résoudre, ils empêchent ceux qui pensent différemment. Nous vivons tous comme des «otages». »
L’avocate et défenseure kurde, Keskin est poursuivie par le parquet d’Istanbul en raison de ses tweets d’il y a cinq ans, alors que l’ « ouverture démocratique » était toujours en cours au sujet de la question kurde.
Keskin est accusée de «propagande pour une organisation [PKK]». Elle a annoncé qu’elle allait être entendue demain par le parquet :
« Je serais auditionnée demain par le parquet pour « propagande pour une organisation » en raison de mes publications Twitter de 2015. Les dossiers où j’ai été condamné à 17 ans, 2 mois au total attendent déjà à la Cour de cassation. Vous êtes littéralement « massacrer » la liberté d’expression ! »
«Je défends la liberté de pensée»
Keskin a déclaré : « J’exerce le [métier] d’avocat depuis 30 ans. De plus, je suis la coprésidente de l’Association des droits de l’homme (İHD). J’utilise les réseaux sociaux sur les questions des droits humains très activement. Les articles cités comme preuves pénales contre moi aujourd’hui datent de cinq ans.
Il ne semble pas y avoir de danger clair et imminent, comme le stipule la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’homme (Cour EDH) qu’aucun parquet ne m’a sommé de déposer à ce jour.
Je ne pense pas que mes pensées soient jugées par qui que ce soit. Je défends la liberté de pensée. En fait, elle est garantie par les articles 9 et 10 de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH), à laquelle la Turquie est partie.
Comme il y a longtemps que je n’ai pas partagé les messages pour lesquels vous m’interrogez, je ne me souviens pas dans quel but et pourquoi je les ai partagés. Je pense que ces messages doivent être considérés dans le cadre de la liberté d’expression.
De plus, lorsque la période de partage des postes est prise en compte, ils ont été publiés au cours du processus de résolution. Je n’accepte pas l’infraction reprochée. Je demande qu’une décision de non-lieu soit rendue à mon encontre. »
À propos d’Eren Keskin
Avocate, rédactrice en chef et chroniqueuse du quotidien fermé Özgür Gündem et fondatrice du Bureau d’aide juridique contre le harcèlement sexuel et le viol en détention. Elle est actuellement coprésidente de l’IHD. Elle lutte depuis des années pour les droits et libertés fondamentaux en Turquie, en particulier pour les droits des minorités, l’égalité des sexes et les violations des droits. Il y a encore plusieurs procès en cours contre elle.
Eren Keskin a reçu plusieurs prix: Prix de la paix d’Aix-la-Chapelle (2004), Prix Theodor Haecker pour le Courage Civique et l’Intégrité Politique (2005), figure emblématique de la lutte contre l’impunité de la Journée internationale pour mettre fin à l’impunité du Réseau international de la liberté d’expression (IFEX) (2013).
Keskin, qui était la rédactrice en chef du journal Özgür Gündem de 2013 à 2016, a été jugée dans 143 procès distincts, y compris celui qui a été déposé contre Özgür Gündem, qui a été clôturé par un décret statutaire. Elle est accusées d’ «insulte à la nation turque» et «insulte au Président».