Connaissez-vous l’épopée kurde « Mem û Zîn » d’Ahmedê Khanî ? Sinon, procurez-vous sa version française publiée par les éditions Harmattan pour découvrir une oeuvre majeure de la littérature écrite kurde.
« Dans la province du Botan, un jeune Kurde, Mem, s’éprend de la soeur du prince, la belle Zin. Celle-ci partage son amour passionné, mais les intrigues du traître Bekir déclenchent l’hostilité du prince qui refuse leur union. Cependant, ni l’éloignement, ni la prison ne parviendront à briser leur amour qui survivra au-delà de la mort. Autour des deux jeunes gens, Ahmedê Khanî dépeint les fastes et la grandeur d’une cour princière kurde du XVIIe siècle, avec ses fêtes, ses banquets, ses chasses, ses faits d’armes… Il dresse le tableau captivant de l’âme humaine où l’amour, l’amitié, le courage s’opposent à la médisance, la jalousie et la tyrannie. Tiré d’une légende populaire, ce chef-d’œuvre est le premier manifeste national de la littérature kurde et un grand poème d’amour mystique. Ahmedê Khanî (ou Ehmedê Xanî) pose un regard pénétrant et visionnaire sur le destin de son peuple, déchiré encore aujourd’hui par ses divisions et ses faiblesses. Cette œuvre majeure de la littérature kurde n’avait jusqu’ici jamais été traduite en français. »
Mem û Zîn est l’une des épopées nationales du peuple kurde écrit par Ehmedê Xanî (1650-1707), écrivain, astronome, poète et philosophe kurde d’Hakkari. Il a écrit, sous la forme d’un poème, l’histoire d’amour entre Mem et Zîn qui avait eu lieu entre 1450 et 1451, 240 ans après leur mort.
L’épopée de Mem û Zîn est l’histoire de la justice, de la bonté, de l’innocence, de la faiblesse et du désespoir de tous les sentiments représentés par les amoureux Mem û Zîn, tandis que Beko représente l’hypocrisie et le mal.
L’épopée de Mem û Zîn est basé sur une histoire vraie vécue à Cizre, il y a 558 ans. Elle a été transmise de génération en génération par la tradition orale. Elle est similaire à l’histoire de Roméo et Juliette. Pour les Kurdes, Mem et Zin sont des symboles du peuple kurde et du Kurdistan, qui sont séparés et ne peuvent pas se rejoindre. À ce jour, de nombreuses chansons, films et récits des grands héros de l’amour ont été racontés et chantés sur la tombe de Mem û Zîn. Les gens continuent d’affluer sur la tombe des deux amoureux du XVe siècle.
Pendant des siècles de visites, certains sont allés chercher de la curiosité et d’autres de l’espoir. La tombe, qui a été témoin de tous les événements historiques de Cizre au cours des siècles, a été lourdement endommagée lors du siège militaire de l’armée turque en 2016.
Mais les habitants d’Hakkari ont entrepris d’ouvrir à nouveau la tombe aux visiteurs.
Tombe de Mem et Zin
Mahmut Kanmaz est le gardien de la tombe depuis 13 ans. Il ne reçoit pas d’argent mais il est très satisfait des visites.
Aujourd’hui, grâce au travail du peuple kurde, la tombe de Mem û Zîn est toujours debout. Kanmaz a déclaré : « Chaque jour, au moins 50 personnes viennent rendre visite. La population locale vient prier le jeudi, mais le nombre de personnes qui viennent visiter la tombe de différentes villes est très important.
Nous ne voulons pas que les gens paient pour visiter ce site. Nous voulons que tout le monde se sente à l’aise et libre de venir quand il veut (…) ».
Nefise Shepherd d’Hakkari est venue visiter la tombe. Elle a déclaré : « Ma fille qui vit à Cizre ne peut pas avoir d’enfant, alors je visite cette tombe et prie qu’Allah écoute mes prières ».
L’épopée
La légende raconte l’histoire tragique de deux jeunes amoureux. Mem, jeune garçon kurde du clan « Alan » et héritier de la Cité de l’Ouest, tombé amoureux de Zîn, du clan « Botan » et fille du gouverneur de Butan.
Ils se rencontrent lors des célébrations de la fête du nouvel an kurde Newroz. Leur union est bloquée par Beko du clan Bakran, l’antagonistes de Mem û Zîn tout au long de l’histoire, jaloux des deux amants maudits.
Mem meurt finalement lors d’un complot manigancé par Beko. Lorsque Zîn apprend la nouvelle, elle s’effondre en pleurant la mort de Mem sur sa tombe. La douleur immense mène à sa mort et elle est enterrée à côté de Mem, à Cizre.
La nouvelle de la mort de Mem et de Zîn se répand rapidement parmi le peuple. Lorsque le rôle de Beko dans la tragédie est révélé, Tacdîn, le meilleur ami de Mem, le tue. Beko sera enterré à côté des tombes de Mem et Zîn.
Avant de mourir, Zîn avait déclaré : « C’est à cause de Beko que nous ne pouvions pas nous réunir, je veux donc qu’il soit témoin de notre amour. S’il meurt, enterrez-le à côté de moi et de Mem ».
Cependant, un buisson d’épineux, nourri du sang de Beko, pousse sur sa tombe : les racines du mal pénètrent profondément dans la terre des tombes de Mem et Zîn, les séparant ainsi, même dans la mort.