ATHÈNES – Le maire de Lavrio veut fermer les deux camps de réfugiés kurdes de la ville, à 60 km d’Athènes.
Les deux camps de Lavrio accueillant plus de 600 femmes, enfants et hommes, sont sous le menace du coronavirus. Mais, ils sont interdits d’aller au centre de soin de la ville tandis que le maire d’extrême-droite de la ville a décidé de fermer les camps plutôt que de protéger les réfugiés kurdes du coronavirus en leur apportant de l’aide…
Voici les détails de cette décision dangereuse en pleine épidémie du coronavirus (COVID-19), par Jacques Leleu :
« Le maire de Lavrio veut fermer les deux camps de réfugiés kurdes de la ville. Son opération s’inscrit dans la campagne menée depuis des années par les différents gouvernements qui se sont succédés en Grèce.
En juillet 2017, le gouvernement Syriza avait lamentablement cédé aux pressions du dictateur turc Erdogan. le meilleur ami de terroristes de DAESH. Il avait accepté de modifier le statut des camps entraînant l’ abandon des camps par la croix rouge grecque.
Depuis ce jour c’est la solidarité internationale qui vient en aide aux camps en matière de nourriture, matériel et médicaments.
Au delà de la raison politique qui pousse le pouvoir a vouloir faire disparaître les kurdes des dux camps il y a une sordide et juteuse opération immobilière. En effet, le camp principal se situe sur la place centrale de Lavrio.
Le maire mène donc une campagne calomnieuse contre les kurdes. Il laisse entendre que les kurdes sont un danger pour les habitants de Lavrio. Ils seraient (les kurdes) le principal vecteur de diffusion du COVID 19.
Ces propos racistes sont totalement faux. L’idée sous-jacente à cette attaque est que les kurdes sont culturellement incapables de se protéger. Ce sont donc eux qui sont désignés comme le danger et non l’incurie des autorités.
La réalité est toute autre.
Le maire particulièrement incompétent n’a pas été lui …. capable de protéger la population de sa ville. En avait-il seulement la conscience et la volonté ?
Lors de notre arrivée à Lavrio le 15 mars nous savions que la population était impactée par le COVID 19 (4 ou 5 cas). Nous étions inquiets ppur les réfugiés kurdes. En effet, si le COVID se développe dans les deux camps les conditions de vie précaires des réfugiés mettent leur vie en danger.
C’est pourquoi le collectif de médecins du centre de santé solidaire de Néa Philadelfia a élaboré un plan de prévention/confinement en 8 points.
Ce plan a été dès le 16 mars mis en application dans les deux camps.
Parmi ces points figuraient : le port de masques (en partie confectionnés par les réfugiés ), la désinfection systématique toutes les deux heures des parties communes (rambardes, poignées de porte, lieux sanitaires, équipement de chaque chambre en matériel autonome de désinfection, consigne de se laver à minima 10 fois les mains par jour , création d’une chambre de confinement, filtrage des entrées des camps et lavage obligatoire des mains a l’entrée des camps.
Le maire a t’il été capable de mettre en oeuvre de telles mesures dans la ville qu’il est censé « piloter » ? La réponse est claire: bien évidemment, non !
En outre, ce maire raciste à la mémoire courte. En effet, il a oublié que le 15 décembre 2019, 130 kurdes et solidaires internationaux du « convoi solidaire » ont remis au centre de santé public de la ville pour 15 000 euros de matériel médical et consommables. Ce matériel collecté en France et remis aux kurdes a été donné par ceux-ci au centre de santé en témoignage de solidarité avec la population grecque de Lavrio (voir les photos).
Ce sont donc les kurdes trahis, abandonnés par tous qui ont donné au service de santé public le matériel que le gouvernement grec et le maire de Lavrio n’ont été capables de fournir à leur population. Lorsque le 15 décembre nous avons remis , tous ensemble, le matériel le centre de santé municipal n’avait toujours pas reçu le budget de fonctionnement e l’année 2019.
Ces mêmes kurdes avaient prévus de renouveler l’opération de don de matériel médical en mars 2020. Malheureusement notre 5ème « convoi solidaire » a été bloqué par la pandémie.
La pandémie passée … le jour d’après … les kurdes pourront ils remettre ce matériel au centre de santé de Lavrio ? Les camps existeront-ils toujours ?
Pour conforter notre analyse, nous publions ci-dessous la lettre ouverte (adressée au maire et au conseil municipal par la doctoresse Emmy Koutsopoulou).
Mesdames, Messieurs,
Nous avons lu avec surprise la lettre du maire de Lavrio, M Louka envers les autorités compétentes dans laquelle il demande l’enfermement total des réfugiés qui vivent dans les deux centre de réfugiés estimant qu’ils sont des foyers de danger de contamination du SARS-COV2 dans la phase actuelle de la pandémie.
En espérant que la lettre de M le Maire, tout à fait compréhensible s’il n’a pas les informations adéquates, s’explique par son inquiétude, nous voudrions vous informer des mesures déjà prises par les réfugiés malgré leurs maigres possibilités financières et les limitations liées à lieu de séjour.
Il est un fait établi, que le séjour dans n’importe quel camps de réfugié mets en danger la santé tant mentale que psychique des gens et ceux bien avant la pandémie du Covid 19. Aujourd’hui encore plus.
Il est également un fait établi que dans cette pandémie, les réfugiés sont ceux qui ont la plus petite responsabilité mais nous n’allons pas aborder cet aspect de la question dans ce courrier.
Quelques jours après l’apparition des premiers cas de contamination dans notre pays, les résidents du camps ont essayé en coopération avec les médecins solidaires à mettre en place un protocole qui respecterait les directives du EODI (sécurité sociale) et en les adaptant là ou c’est nécessaire dans leur routine quotidienne.
Après une indispensable préparation et l’achat de matériel (qui a été payé par des associations solidaires en France et en Italie du Nord), les mesures ont été mises en application progressivement depuis trois semaines. Aussi depuis au moins 15 jours :
1)Tout le monde reste confiné dans le centre (camps de réfugiés).
– La responsabilité de l’approvisionnement de tous en nourriture est prise par un groupe de 4 personnes qui entrent et sortent du camp en suivant toutes les mesures de protection et en ayant sur eux les ‘formulaires’ de sortie dûment remplis.
– La sortie est gardée et contrôlée par les réfugiés eux mêmes
2) Le centre ne reçoit pas de visites.
3) Il y a un programme de promenade dans la cour avec des roulements de façon a ce que tout le monde puisse sortir prendre l’air (les espaces intérieurs sont désinfectés et aérés) sans que, dans la mesure du possible il y ait des regroupements de personnes
4)Dans le centre il y a un groupe de 4 personnes désignés pour désinfecter toutes les 2 heures les espaces avec une solution d’eaux de Javel d’1/10 tous les espaces communs.
Toutes les chambres ont été approvisionnées en eau de Javel et chacun est responsable pour nettoyer son espace.
5) On a réparé provisoirement les salles de bains communes de façon à ce que au lieu d’avoir une douche pour 50 personnes nous avons actuellement une douche pour 25 personnes. Des fournitures hygiéniques ont été données de façon à ce que les réfugiés puissent suivre les directives de se laver les mains au moins 10 fois par jour.
6) La température des résidents est prise régulièrement avec des thermomètres infrarouges
7) une chambre d’isolation a déjà été installé, des gants et des masques ont déjà été donnés de façon à ce que tous les cas symptomatiques soient isolés.
Nous estimons que grâce à cette gestion exemplaire pour l’époque, et pour les possibilités existantes, aucun cas de contamination n’est apparu (et ce n’est pas un hasard) dans les espaces qui fonctionnent sous la responsabilité des réfugiés dans votre région bien que de tels cas existent, malheureusement, dans d’autres camps et d’autres communautés non réfugiées.
En tout état de cause, nous sommes certains que les Kurdes vont continuer sans aucun écart le strict respect de ces mesures de façon à se protéger eux mêmes (car réputés être une communauté plus vulnérable que les autres ) tout comme le reste de la population de la région. En ce qui concerne le sentiment très fort de responsabilité et de solidarité de la communauté kurde vis à vis de la population qui les accueille, nous rappelons qu’il y a trois mois (15.12.2019) les réfugiés kurdes ont remis au centre de santé de Lavrio du matériel médical d’une valeur estimée à au moins 15.000 €
En espérant un changement d’attitude du Conseil Municipal vis à vis du centre d’accueil des réfugiés kurdes nous restons aux côtés de tous les habitants de Lavrio, grecs et étrangers. »
Emmy Koutsopoulou,
Médecin du Centre médico-social et autogéré de Néa Philadelphia