PARIS – Il y a sept ans, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, trois militantes kurdes, ont été assassinés à Paris. Jusqu’à aujourd’hui, personne n’a été poursuivi pour ce tripe assassinat, dont la culpabilité des services secrets turcs est décriée par les Kurdes.
Le mouvement des femmes kurdes en Europe (IRKWM) appelle à une manifestation à Paris le samedi 11 janvier 2019 afin que la France daigne résoudre cette affaire après 7 ans d’inaction. (Une marche blanche est prévue également, le jeudi 9 janvier à 12h, au16 rue d’Enghein, Paris 10. Elle se terminera devant le 147 rue Lafayette, le lieu du triple assassinat.)
Voici le communiqué d’IRKWM :
« Le 9 janvier 2013, à Paris, trois camarades kurdes ont été assassinées par l’État fasciste turc. C’est avec respect et gratitude que nous rendons hommage à Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez, lâchement abattues dans cette attaque inhumaine que nous condamnons fermement.
Ces trois pionnières, révolutionnaires et créatrices de notre lutte pour la liberté des femmes, qui est née au Kurdistan et qui est aujourd’hui universelle, ont été massacrées avec l’aide, sale et sournois, des forces du système capitaliste, un système représentant la mentalité patriarcale.
A travers leur mode de vie, leurs idées, leurs pensées ainsi que leurs luttes, Sakine Cansız, Fidan Doğan et Leyla Şaylemez sont devenues les représentantes de la quête d’une vie libre et égalitaire. Elles sont devenues, comme leurs prédécesseurs Leyla Qasim*, Zarife*, Rosa Luxembourg, Clara Zetkin, des ambassadrices de la figure féminine.
Le massacre de ces trois grandes femmes révolutionnaires kurdes a été perpétré dans le cadre de la politique de génocide, de déni et d’occupation imposée au peuple Kurde par l’État colonial turc et le dictateur fasciste Erdoğan. Le peuple et les amis du peuple kurde ont révélé les auteurs de ce massacre qui a eu lieu à Paris. Cependant, la justice française n’a toujours pas assumé sa responsabilité en
demandant des comptes aux commanditaires de ce massacre. Le mécanisme de justice de l’État français n’a toujours pas élucidé ce crime.
Tout comme la France et l’UE sont complices en gardant le silence sur ce massacre, aujourd’hui, le silence des États comme les États-Unis et la Russie face à l’invasion, aux massacres, aux pillages, aux attaques et aux génocides perpétrés contre la révolution du Rojava
par la Turquie et ses mercenaires de Daesh ne fait plus aucun doute sur la complicité de ces derniers. L’État turc colonialiste et le régime fasciste d’Erdogan mènent une politique génocidaire envers les peuples kurde, arabe, arménien, syriaque, turkmène et surtout envers les femmes. La cible principale de ces attaques est la révolution des femmes, la révolution pour la liberté et la démocratie au Rojava. Les meurtres d’Hevrin Khalef, coprésidente duparti « Avenir de la Syrie », d’Amara Renas [combattante des YPJ], de la mère Aqide, nous ont été infligés, à nous les femmes, dans la continuité du massacre de Paris. Ces attaques contre les femmes qui résistent, s’organisent et prennent conscience d’une vie libre, démocratique et égalitaire se poursuivent sous les yeux de tous, comme un génocide imposé à toute l’humanité.
Nous, femmes du Kurdistan, du Moyen-Orient, d’Europe, d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, nous ne sommes pas restées silencieuses contre ces massacres hier et nous ne le resterons pas aujourd’hui. Nous avons demandé et nous continuerons à demander des comptes à tous ceux qui se sont tus et ont été complices aux massacres de Sakine, Fidan, Leyla, Hevrin, Amara, la mère Aqide et beaucoup d’autres encore. Nous élevons notre voix et exprimons notre colère en universalisant notre lutte pour la liberté des femmes. Avec l’esprit et la résistance des femmes telles que Sakine et Hevrin, nous construisons notre société libre et démocratique. Nous renforçons notre résistance en agissant partout. Nous sommes déterminées à poursuivre notre engagement pour être dignes des femmes pionnières, qui paient pour la liberté de nos peuples et des femmes du monde. Sur cette base, à l’occasion du 7 ème anniversaire du massacre de Paris, nous clamons haut et fort : « A l’instar de Sara, d’Hevrin et toutes les autres, nous sommes en résistance pour la liberté! Nous sommes debout pour la justice ! ». Cette année, nous continuerons notre quête de justice avec le slogan « STOP aux 7 années d’impunité ! ». A cette occasion, nous nous prosternons une fois de plus devant la mémoire de Sakine, Fidan, Leyla, Hevrin, Amara et de la mère Aqide. Soyons à Paris le 11 janvier pour demander des comptes aux responsables du massacre de Paris et aux forces du système dominé par les hommes qui ont attaqué la révolution des femmes au Rojava.
LA FEMME, LA VIE, LA LIBERTÉ ! »
Le Mouvement des femmes Kurdes en Europe (TJKE)
* Leyla Qasim a été exécutée à Bagdad en 1974. Elle a déclaré au juge: « Tuez-moi – mais vous devez également savoir qu’après ma mort, des milliers de Kurdes se réveilleront de leur sommeil profond. Je suis heureuse de mourir avec fierté pour un Kurdistan indépendant ! Elle avait également mené des campagnes pour que les femmes participent à la lutte.
** Zarife a joué un rôle majeur dans le soulèvement de Dersim dans les années 1930. Elle est considérée comme étant la première femme kurde à avoir pris les armes contre l’occupation turque.
Via ANF