Javaid Rehman, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits humains en Iran, a déclaré que les prisonniers politiques kurdes accusés d’atteinte à la sécurité nationale représentaient près de la moitié du nombre total de prisonniers politiques en Iran. Cette année seulement, 199 citoyens kurdes ont été arrêtés dans le pays.
En outre, les Kurdes constituent un nombre disproportionné d’individus qui ont été condamnés à mort et qui sont exécutés en Iran.
Selon le rapport de l’ONU intitulé « La situation des droits de l’Homme en République islamique d’Iran », qui a été distribué à l’Assemblée générale des Nations unies le 16 août, les provinces habitées par huit à dix millions de Kurdes en Iran se caractérisent par un manque développement économique et des taux de chômage élevés.
« Il y a très peu de hauts responsables kurdes au gouvernement et le kurde n’est enseigné que par des groupes de la société civile et non dans les écoles officielles », a-t-il déclaré.
Selon le rapport, 828 citoyens kurdes ont été arrêtés en 2018, dont beaucoup ont été condamnés à de longues années d’emprisonnement et accusés de crimes liés à l’activisme civique et à l’appartenance à des partis politiques kurdes.
Au cours des six premiers mois de 2019, 199 citoyens kurdes ont été arrêtés. Un total de 115 personnes ont été arrêtées pour des accusations d’appartenance à des partis politiques kurdes, 24 pour des activités civiles, sept pour avoir organisé des célébrations du nouvel an kurde, 22 pour la défense de l’environnement, sept pour des activités liées au travail, trois pour leurs croyances et leurs activités religieuses, et quatre ont été accusés de gestion de réseaux sociaux tels que Telegram.
À l’heure actuelle, 55 des 199 détenus kurdes ont été condamnés à 15 ans de prison. Au moins 17 prisonniers kurdes ont été exécutés : 14 pour meurtre et trois pour crimes liés à la drogue.
Le rapporteur spécial des Nations unies a également exprimé sa préoccupation face à la persécution des professeurs de kurde.
Bien qu’il y ait des millions de Kurdes en Iran [au Rojhilat – le Kurdistan d’Est], ils ne reçoivent pas d’enseignement en langue maternelle, sauf dans le cadre de cours privés.
En outre, le gouvernement iranien a également imposé des restrictions à l’enseignement des langues : les enseignants doivent avoir l’autorisation de l’État pour enseigner le kurde.
Le rapporteur de l’ONU a également exprimé sa préoccupation devant les assassinats extrajudiciaires de passeurs kurdes à la frontière. On estime à 84 000 le nombre de passeurs frontaliers kurdes qui franchissent chaque année la frontière à cause de mauvaises conditions économiques dans les zones à majorité kurde de l’Iran.
En 2018, au moins 75 passeurs ont été tués et 177 blessés. Parmi eux, 42 personnes ont été la cible de tirs directs par les forces de sécurité et six d’entre elles sont tombées des montagnes après avoir été poursuivies par les forces de sécurité.
Dans ses recommandations, le rapporteur des Nations unies pour l’Iran a appelé l’État à mettre fin aux assassinats aveugles de passeurs kurdes à la frontière et à prendre des mesures pour réglementer leur travail. Le rapport mentionne également qu’un million de Kurdes yarsanis sont victimes de discrimination.
Yarsan, ou Ahl-e-Haq, qui signifie «peuple de vérité», est une minorité religieuse et ethnique résidant principalement dans la province de Kermanshah (Kermanshan), dominée par les Kurdes, dans le nord-ouest de l’Iran.
« Ils auraient également été victimes d’arrestations arbitraires, de harcèlement et de détention fondés sur des accusations liées à la sécurité nationale, telles que de la propagande contre l’État », note le rapport.
Le 25 septembre 2018, le petit-fils d’un dirigeant de Yarsani aurait été tué sous la torture à la prison de Hamedan après avoir passé un an en détention pour propagande présumée contre l’État.
Le rapport concluait que l’Iran devait élaborer des politiques et affecter des ressources au développement économique, social, culturel et politique des zones peuplées par la minorité sunnite, notamment les Kurdes, les Baloutchis et les Azéris.
Wladimir van Wilgenburg pour Kurdistan24