SYRIE / ROJAVA – «Certains de ces individus travaillent en coopération directe avec les services de renseignement turcs (MIT), et tous font partie d’une chaîne de commandement [liée] directement à Ankara et au président Recep Tayip Erdogan.»
Plus de 40 anciens membres de DAECH travaillant actuellement à Afrin au sein des forces soutenues par la Turquie ont été identifiés dans une base de données publiée par le centre d’information du Rojava (Rojava Information Center, RIC en anglais).
Il s’agit notamment de commandants, de chefs de brigade, d’officiers recruteurs et de coordonnateurs travaillant directement avec les services de renseignement turcs. La base de données comprend leur rôle au sein de DAECH, leur nouveau rôle au sein des forces djihadistes soutenues par la Turquie dans la région d’Afrin, leur emplacement actuel, des informations biographiques et, dans certains cas, des photographies des personnes en question.
Certains noms et photos ont été obtenus par le Centre d’information du Rojava et des chercheurs de l’OSINT (L’Open Source Intelligence) à l’aide d’informations publiées sur Telegram par des chaînes d’opposition d’Afrin, d’autres ont été fournis par le Bureau des relations étrangères du nord-est de la Syrie et d’autres encore ont été identifiés dans des recherches présentées au Forum international sur DAECH.
Les noms inclus dans la base de données incluent : Ismaïl Firas al-‘Abbar, qui était commandant de DAECH à Deir-ez-Zor avant de devenir chef de brigade soutenu par la Turquie à Efrin ; Basil Nayef al-Shehab, qui a combattu les YPG avec DAECH à Kobanê avant de devenir commandant dans la brigade du Sultan Murad soutenue par la Turquie et de participer à l’occupation d’Efrin : et Abu al-Baraa al-Ansari, commandant de DAECH à Deir-ez-Zor, qui est maintenant commandant de la milice Ahrar al-Sharqiya soutenue par la Turquie.
A travers Afrin, des groupes comme Ahrar al-Sharqiya et la Brigade du sultan Mourad imposent la charia et se livrent à l’extorsion, à l’enlèvement, au meurtre, à la torture, au viol et à la violence sexuelle, ce qui peut constituer des crimes de guerre selon les Nations unies.
Le rapport peut être consulté ici pour plus d’informations sur les atrocités commises par ces milices djihadistes et l’ampleur du soutien de l’Etat turc à leurs actions.
Le chercheur du centre d’information du Rojava, Joan Garcia a déclaré :
« Cette base de données ne montre qu’une fraction de la profondeur et de l’étendue de la collusion turque avec DAECH. De nombreux commandants et combattants éminents du DAECH opèrent maintenant ouvertement en tant que commandants dans des milices financées, armées, entraînées et contrôlées par la Turquie.
Certains de ces individus travaillent en coopération directe avec les services de renseignement turcs (MIT), et tous font partie d’une chaîne de commandement allant directement à Ankara et au président Recep Tayyip Erdogan.
Certains sont connus pour avoir traversé la Turquie après avoir quitté DAECH alors que leur défaite devenait apparente, prenant le chemin du retour sur la « route du djihadisme » qui a amené des dizaines de milliers de combattants djihadistes et leurs familles en Syrie via le sol turc, en collusion tacite et active avec l’Etat turc. [Sur le papier], la Turquie fait partie de la Coalition internationale contre DAECH. En réalité, c’est un État qui parraine le financement du terrorisme et soutient des dizaines de milliers de combattants jihadistes, dont beaucoup ont des liens directs avec DAECH. »