« Il y a 34 ans, la Sous-Commission pour la prévention de la discrimination et la protection des minorités de l’ONU a adopté un rapport reconnaissant le génocide arménien en tant que génocide. Jusqu’à récemment, il n’y avait pas eu d’autres activités de l’ONU sur cette question. De façon inattendue, le 25 mars 2019, une lettre surprenante [émanant de trois rapporteurs de l’ONU] a été adressée à l’ambassadeur Sadik Arslan, représentant permanent de la Turquie aux Nations Unies à Genève. » La lettre commune demandait à l’ambassadeur turc de fournir des réponses à sept questions sur « les allégations de violations attribuables à la Turquie en rapport aux événements tragiques qui ont affecté la minorité arménienne de 1915 à 1923. » 74 ans après sa création, l’ONU – par la voix de trois rapporteurs – interpelle enfin l’Etat génocidaire turc sur sa politique de déportations et de massacres perpétrés à l’encontre des Arméniens de Turquie. L’ONU n’abandonne bien sûr pas ses pudeurs de gazelle et se garde d’utiliser le terme de génocide (adopté en 1985 par l’une de ses Sous-Commissions mais jamais ratifié par son Assemblée générale). Si on imagine aisément les pressions qu’ont dû subir les trois rapporteurs, on s’interroge sur cette soudaine résurgence de la « Question » arménienne à l’ONU, un an avant que ne soit commémoré le 105e anniversaire du génocide arménien. L’ambassadeur turc a bien évidemment opposé une fin de non-recevoir aux questions qui lui ont été adressées. Mais le vers est dans le fruit et l’ONU ne peut pas s’arrêter là. »
L’éditorial du journaliste arméno-américain Harut Sassounian, paru dans The California Courier le 27 juin 2019, traduit par le Collectif VAN. A lire ici : http://www.collectifvan.org/article.php?r=0&id=100726