AccueilDroits de l'HommeTurquie, la délégation européenne empêchée de rencontrer Leyla Güven

Turquie, la délégation européenne empêchée de rencontrer Leyla Güven

Une délégation étrangère, comprenant des députées du Parlement européen, est à Amed pour exprimer son soutien à la députée HDP et coprésidente du DTK, Leyla Güven.

TURQUIE – AMED – Leyla Güven, co-présidente du DTK et députée HDP d’Hakkari, est en grève de la faim depuis 68 jours à la prison d’Amed pour exiger la fin de l’isolement imposé au dirigeant kurde Abdullah Ocalan.

Les députées européennes du Sinn Fein et du Parti travailliste Martina Anderson et Julia Ward font partie de la délégation qui comprend également la défenseur des droits de l’Homme Wendy Lyon (Irlande), l’avocate britannique Margaret Owen et la juriste italienne Simonetta Rosella Benedetti.

Martina Anderson : Une brève visite à Imrali n’est pas une réponse à la grève de la faim

La délégation a tenu une conférence de presse à ‘Association des avocats d’Amed dimanche.

Martina Anderson, députée européenne du Sinn Fein, a déclaré : « J’aimerais vous dire ce que je ressens après 48 heures dans cette ville. Leyla Güven est une femme politique démocratiquement élue. Elle a 55 ans et fait la grève de la faim depuis [68] jours. Hier soir, nous avons pensé qu’il pourrait y avoir une lueur d’espoir sur sa situation. Leyla Güven est en grève de la faim pour exiger la levée de l’isolement imposé au dirigeant kurde détenu sur l’île d’Imrali. »

Anderson a ajouté :  » Nous savons qu’Abdullah Öcalan n’a pas pu rencontrer sa famille depuis 2 ans et demi, depuis 2016. De plus, il n’a pas été autorisé à rencontrer ses avocats depuis 2011. Nous avons appris que samedi, il a eu droit à une visite [avec son frère] d’à peine 15 minutes. Nous avions l’impression que la visite de samedi n’était pas une évolution qui pouvait être considérée comme répondant aux exigences des personnes en grève de la faim. Parce que les prisonniers de la grève de la faim exigent l’abolition complète de la politique d’isolement. »

« Pendant les grèves de la faim en 2016, une courte visite a également été autorisée, mais les politiques d’isolement sont rapidement revenues. Les grévistes de la faim demandent à ce qu’aucune tactique semblable à celle de 2016 ne soit exécutée à nouveau. »

L’eurodéputée Sinn Fein Martina Anderson s’est ensuite exprimée au nom des membres irlandais, italiens et britanniques de cette délégation : « Nous appelons la Turquie à mettre fin à l’isolement et à revenir au processus de paix. Le gouvernement turc doit mettre fin à la torture dans les prisons, aux politiques répressives et à l’isolement. La seule chose que les Kurdes de Turquie exigent, c’est le droit de vivre en paix. »

Euro députée Julia Ward : Nous ne resterons pas silencieux

Pour l’eurodéputée Julia Ward, c’est la troisième visite en Turquie et, dit-elle, chaque fois qu’elle est venue, la situation des droits de l’Homme s’est aggravée.

« En Turquie, les députés élus, les avocats, les militants, les syndicalistes, tous ceux qui sont en désaccord, reçoivent leur part de répression. Aujourd’hui, nous avons rencontré les Mères de la Paix et ressenti la douleur de leur perte profondément dans nos cœurs. Les mères continuent à chercher les restes de leurs enfants pour avoir une tombe où aller et pouvoir les pleurer. Ils veulent continuer à vivre leur culture et leur langue et pour cela ils souffrent de la répression. Avant de venir ici, nous avons mis en place les procédures nécessaires pour rencontrer Leyla Güven par l’intermédiaire des autorités de nos pays. Mais aujourd’hui[dimanche], nous n’avons pas eu le droit de la rencontrer. En plus de ne pas avoir le droit de la rencontrer, nous avons été agressés par la police qui nous entourait. Nous ne sommes pas des jeunes femmes et nous ne sommes pas très fortes. Nous n’acceptons pas qu’ils lancent conte nous leurs agents de police . En tant que députées et avocates élues, nous exigeons qu’il soit mis fin à ces procédures. Nous raconterons au Parlement européen ce qui nous est arrivé ici, la force utilisée contre nous.

Nous le dirons à l’Italie, à l’Angleterre et à l’Irlande. Parce que ce traitement que nous avons subi est un symbole de la façon dont la liberté d’expression a été profondément enfouie. »

S’adressant aux autorités turques, Ward a déclaré : « Je veux vous rappeler encore une fois que vous ne pouvez pas nous faire taire. Vous pouvez peut-être nous réprimer, mais vous ne pouvez pas nous faire taire. Nous ferons de notre mieux pour dire à tout le monde ce qui s’est passé ici. »

Margaret Owen : L’été n’est pas accompagné d’une seule journée ensoleillée

Margaret Owen, avocate britannique spécialisée dans les droits de l’homme, a attiré l’attention sur la haine qu’elle voyait dans les yeux des policiers : « Je viens en Turquie depuis des années, en tant qu’observateur d’auditions, d’élections, d’événements. Mais je n’ai jamais été aussi inquiète. Parce que Leyla Güven et 256 prisonniers politiques sont en grève de la faim. Et ils ont atteint le seuil de la mort. »

Se référant à la façon dont la police a traité la délégation, elle poursuit : « J’avais peur pour la premiere fois d’être écrasée par la police. Et j’ai vu la haine dans les yeux de ces jeunes policiers. J’ai vu des personnes, remplies de peur d’être au chômage. Et j’ai vu ces jeunes gens utilisés comme un outil de violence. »

Au sujet de la visite à Öcalan de son frère Mehmet : « L’été ne vient pas avec un seul jour ensoleillé. Je veux dire que l’isolement ne s’arrête pas avec une visite. Nous continuerons à travailler en tant que députées, militantes et avocates ici en Turquie avec ceux qui défendent une justice indépendante, une médecine indépendante ».

ANF