PARIS – 15 000 Kurdes (selon les estimations des organisations kurdes), venus de toute l’Europe ont manifesté dans les rues de Paris à l’occasion du 6e anniversaire du massacre de Paris.
Les Kurdes manifestent tous les ans depuis l’assassinat de Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez le 9 janvier 2013. Ils exigent que la justice française fasse toute la lumière sur ce massacre politique.
Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez ont été exécutées dans le bureau du centre d’information kurde à Paris le 9 janvier 2013. Le 23 janvier 2017 devait débuter le procès aux Assises d’Ömer Güney, le présumé coupable. Le suspect, qui était lié aux services de sécurité turcs à Ankara selon les informations obtenues par les avocats des familles des victimes, est décédé subitement en prison le 17 décembre, un mois avant le début du procès.
La famille et les amis des trois femmes se sont donc vu refuser toute chance de justice et vérité. L’affaire restera une plaie ouverte dans le système judiciaire français jusqu’à ce que ceux qui ont ordonné ces meurtres épouvantables soient identifiés et condamnés. Le rôle joué par les services de secrets turcs était clairement indiqué dans l’acte d’accusation et dans le dossier de la juge d’instruction. Par conséquent, le dossier ne peut pas être considéré comme clos simplement par le décès de la personne qui a appuyé sur la gâchette. L’affaire est tellement plus profonde que cela.
Sakine Cansiz avait obtenu l’asile politique en France à la suite de sa persécution par l’État turc. Elle méritait un refuge et la sécurité de ses opposants politiques en Turquie, mais sa vie et celle de ses collègues ont été tuées dans un crime brutal qui n’a toujours pas été résolu.
Les trois femmes ont été ciblées et assassinées pour leurs activités politiques au nom du peuple kurde. Sakine était une militante de longue date et membre fondatrice du PKK. Elle a passé de nombreuses années en prison dans des conditions terribles et a été torturée à la prison de Diyarbakir dans les années 1980 après le coup d’État militaire. Elle a dirigé le mouvement de protestation à l’intérieur de la prison et, après sa libération, s’est jointe à la lutte armée pour la libération du Kurdistan. Elle a été une puissante force d’inspiration pour le mouvement des femmes kurdes, qui demeure à ce jour un symbole d’espoir pour les femmes du Moyen-Orient. Fidan et Leyla étaient également des activistes dévouées à la cause kurde.